C'était l'un des premiers dimanches vraiment chauds de ce début de printemps, un de ces temps qui fait pousser les ailes, et donne des envies de quitter la capitale, de dépasser courageusement le périph' sans même embarquer son passeport.

Alors, direction Auteuil et son hippodrome. C'était une première pour moi, et je me suis surprise à rêver, le temps d'une course, à la victoire d'Espoir royal, de Lux de la Barre ou encore de Diamond Charm... Mais ce n'est pas cela qui m'a fait le plus sourire (sans doute parce que j'ai systématiquement perdu). Non, ce qui a fini de me charmer, c'est la dernière course à laquelle nous avons assisté : une course amateur pour enfants hissés sur des poneys.

Les obstacles semblaient minuscules, et une horde de parents venait soutenir leurs apprentis jockeys. Le signal est donné, la course démarre. Et, dès le premier obstacle, deux chutes de petites cavalières sont à déplorer. L'une d'elles est en larmes.

C'est là, curieusement, que la magie se déploie : son adversaire, également évincée de la compétition, essuie son pantalon, et court à sa rencontre pour s'assurer que rien de grave n'est arrivé. C'est juste un bleu à l'âme, le choc de la chute. La déception de l'échec. Et la petite adversaire de la relever, la fillette inconsolable, et de l'entourer tendrement de ses bras pour l'aider à avancer. Elle en a profité pour lui murmurer des mots de réconfort inconnus de tous, pour lui dire sans doute que tout allait bien, qu'il n'y avait pas eu de blessés et que la prochaine course, un autre jour, à un autre endroit, se passerait mieux, c'était évident.

Ce soutien qui n'avait rien d'enfantin, ce décalage de gravité entre cette jeunesse déjà responsable et la légèreté des adultes qui (sou)riaient, ces bras qui semblaient apaiser de toutes leurs forces, c'est tout cela qui a provoqué une ovation du public, des applaudissements attendris par la beauté de la scène.

Au final, aucun de nous deux n'a cherché à savoir qui avait remporté la course. Nous tenions nos deux gagnantes.