Du dédale des causes qui ont abouti à l'émergence d'Open Smile, Lautréamont en aura été un précieux architecte. S'il est surtout connu pour ses chants de Maldoror, le jeune poète en prose a aussi gagné son immortalité par ses Poésies I et II. Surtout les Poésies II, où j'ai rencontré ces phrases :
« Le cœur de l'homme est un livre que j'ai appris à estimer. Non imparfait, non déchu, l'homme n'est plus le grand mystère. Je ne permets à personne, pas même à Elohim, de douter de ma sincérité. Nous sommes libres de faire le bien. »
Cette dernière phrase est venue percuter plusieurs siècles de philosophie politique et criminelle, où la grande question était de savoir si nous sommes libres, ou non, de faire le mal. Qu'importe ! En fin de compte, sommes nous libres de faire le bien ? Répondre à cette question suffirait pour résoudre cette énigme sociale – indépendamment du fait de savoir si l'humain est naturellement bon, si nous sommes innocents face au mal et à nos difficultés subies.
Qu'est-ce que serait la liberté de faire le bien ? Cela signifierait d'abord que rien nous empêche. Que nous ne sommes pas limités par des éléments subjectifs (par exemple, la peur, l'orgueil, un handicap physique ou mental qui empêche certaines actions) ou objectifs (des problèmes économiques, politiques ou juridiques). Sauf cas extrême, la liberté de faire le bien reste ouverte. Même si la porte est lourde, qu'elle est freinée par le frottement du quotidien, un passage reste possible : celui d'avoir un comportement bienveillant.
Cela signifie ensuite que rien ne nous y oblige. Une liberté sincère et décidée. Sans impératifs moraux. Sans crainte d'un jugement, ni des Cieux, ni de la Terre. Le choisir. En ayant conscience que c'est un choix et que c'est un choix gratuit. Cette liberté est un don. Non pas comme quelque chose qui nous est donné mais comme quelque chose que l'on donne. Cette liberté n'appelle aucune récompense. C'est un simple cadeau.
Nous sommes libres de faire le bien, c'est à dire que nous le pouvons et que nous le voulons. Mais qu'est-ce faire le bien ? Par le bien, dans cette liberté sous-jacente, ne résonne aucune tonalité morale ou religieuse. Le bien se résume à être quelque chose de bon. Il comprend tout ce qui apporte une énergie positive, une amélioration, une création. Ainsi lorsque Lautréamont écrit, il fait aussi le bien. Ainsi, il est facile d'admirer de bonnes personnes : Gandhi, Martin Luther King ou Simone Veil. Et nous alors ? Nous sommes aussi capables. A notre échelle, nous pouvons parfaitement faire le bien : quand on participe à l'organisation d'un événement sportif ou culturel, quand on adhère à une association humanitaire, quand on fait du soutien scolaire. Une multitude d'actions est à notre portée. C'est notre responsabilité. Nous décidons ou pas de le faire. Même dans le silence de nos renoncements, nous prenons une décision. Le quotidien n'exclut pas la facilité. La volonté positive est partout : quand on tient une porte, quand on fait un gâteau, quand on fait du tri sélectif. Tout ce qui ne dépend que de nous et qui nous confirme dans une existence, une reconnaissance. Une double affirmation, de soi et de l'autre. Simplement. Une envie de bien faire. Quelque chose qui commence dans un sourire.
Ajouter vos commentaires
- Poster un commentaire sans compte. S'inscrire ou se connecter à votre compte.
Pour commenter, utilisez la fenêtre ci-dessous...