Roi du Rohan dans la trilogie du Seigneur des Anneaux, Théoden compte beaucoup à mes yeux. Il est à la tête d'une civilisation rappelant celle des vikings, exceptés qu'ils voyagent à cheval. Si l'action de son peuple est décisive dans la Guerre de l'Anneau, en résistant aux troupes du sorcier Saroumane et en aidant le royaume du Gondor, lui, il n'a pas un destin heureux.

Dans le roman, nous faisons d'abord connaissance avec un homme ensorcelé. Sauvé par Grandalf le magicien, il retrouvera ses esprits pour ... apprendre la mort de son fils. C'est loin d'être fini. Il devra mobiliser ses troupes, résister à une invasion et aider un royaume voisin. Avant de mourir sur un champ de bataille, tué par un roi-sorcier démonique.

Ce qui rend ce personnage si particulier, à l'inverse des autres humains de cette épopée, c'est que nous ressentons toute sa singularité d'humain : il est un humain au milieu d'un monde peuplé de créatures fantastiques et il est un humain en proie à des pouvoirs magiques et surnaturels. Au travers cette double étrangeté résonne une éternelle actualité : la part qui revient à chacun et sur laquelle, nous décidons d'agir ou pas. Théoden est émouvant parce qu'il est confronté à de trop grandes questions humaines : le deuil, l'adversité et la solidarité. Il y fait face. C'est un homme triste, sans rancœur qui fait son possible pour rester combatif. Son vrai pouvoir, c'est la résilience. J'aime ce qu'il révèle de nous, cette dignité possible face au tragique. Cette capacité à vivre et à croire malgré tout. Cette lucidité à se concentrer sur le comment sans se morfondre sur le pourquoi. La recherche de la victoire, même maladroite. Il s'efforce d'être un chef, de donner envie qu'on le suive.

Alors oui, j'aurai aimé pouvoir dire : Théoden, tu es mon roi.